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mardi 11 juin 2013

Le dîner

Ou comment écrire un livre tendu du string autour d'une table de restaurant classieux.

Vu sa couverture, je m'imagniais que Le dîner d'Herman Koch allait être une sorte de récit un peu surréaliste sur des gens qui bouffent des homards venus de l'espace (cf le fait que je ne lis plus le résumé à l'arrière d'un livre qui m'est offert). Je ne pouvais en être plus éloigné, car Le dîner est bien ancré dans la réalité. Et pas la plus belle.


Tout commence alors que le narrateur, Paul, et sa femme s'apprêtent à rejoindre un autre couple dans un restaurant huppé. On comprend de suite que cette perspective n'enchante guère Paul, que la dernière chose qu'il veut, c'est de les voir.

C'est très court comme résumé, et pourtant je n'en dirai pas plus au risque de vous gâcher le plaisir de ce thriller plutôt sombre, car l'intrigue du livre tient justement au fait que l'histoire ne se dévoile que lentement au fil des pages, ponctuée de flash back ou d'explications données au compte-goutte (et je trouve que le résumé au dos du bouquin en dévoile déjà trop!).

Dès le début, on sent l'appréhension de Paul, son malaise, son envie de prendre sa femme et de rentrer chez eux, et tant pis pour le dîner. On ne sait pas encore qui est ce couple avec lequels ils ont rendez-vous, mais il est clair qu'il n'a aucune envie de les voir. Puis vient le moment où nous apprenons qui ils sont, et pourquoi ils devaient absolument se réunir. 

Le livre se divise en fonction des arrivées des plats au restaurant: l'apéritif, l'entrée, le plat principal, le dessert, le café, le digestif et enfin, l'addition. A chaque étape, la tension monte d'un cran, et on en apprend un peu plus sur Paul. La première impression que l'on a de lui, c'est celle d'un homme calme, dingue de sa femme (et elle le lui rend bien), qui veut juste manger un bout tranquillos dans un petit café de quartier au lieu d'aller se donner en spectacle dans un resto branchouille hors de prix. Mais plus on avance dans ce récit, plus on découvre un personnage complexe avec une belle part de ténèbre.

Si j'ai cru au début avoir affaire à une sorte de drame familial à la sauce "Carnage" mêlant satyre sociale de petits bourgeois se la pêtant plus haut que leur tube à étrons, Le dîner s'est petit à petit transformé en un roman très noir, glauque, dans lequel un fait divers violent (inspiré - malheureusement - d'un fait réel) entraînera ces deux couples si différents vers une issue dramatique.

La fin de l'oeuvre de Koch risque d'en laisser plus d'un pantois, ou même écoeuré. J'avoue ne pas l'avoir été (et ce même au risque de passer une psychopate), car je comprend la réaction de Paul et de sa femme qui ne voulaient que protéger leur famille, un sentiment plus fort que tout le reste. Je me suis même sentie proche de ce personnage qui semble bien sous tout rapport mais qui renferme en lui une violence qu'il se doit de museler au risque de commettre l'irréparable. J'ai aussi été étonnée de la direction que prenait les autres protagonistes de cette sombre histoire: oubliez ce que vous pensez savoir, personne ici ne fera ce que vous pensez qu'il devrait faire.

A recommender chaudement si vous aimez le style et si vous êtes prêts à vous poser des questions après avoir refermer ce livre.

1 commentaire:

Sylvie a dit…

Voilà tout un temps que je tourne autour de ce bouquin : te lire me donne encore plus envie de le lire ! Je l'inscris donc dans ma liste future !

Bienvenue ici ! Welcome !

Un joyeux bordel et un véritable mic-mac de ce que j'aime (ou pas), avec photo, jeux débiles, sondages navrants, bref, ma vie quoi ;) N'hésitez pas à laisser un p'tit mot!
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