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mercredi 8 mai 2013

La merditude des choses

Avoir un Maguth qui part à la chasse aux livres pour sa femelle, ça n'a pas de prix. Surtout quand il rapporte comme butin une belle pile de bouquins encore chauds. C'est ainsi que j'ai commencé à dépiauter "La merditude des choses" de Dimitri Verhulst.


Outre le titre franchement agréable à mes oreilles, j'étais plutôt curieuse de parcourir cette oeuvre belge, flamande même, dont l'auteur à quasi le même âge que moi. Le titre ne m'était pas étranger, sans doute à cause du film sorti il y a de cela quelques années. Ayant décidé, lorsque je reçois un livre, de ne plus lire le résumé au dos afin d'avoir une expérience de lecture vierge de toute influence, je ne savais donc pas du tout ce que cela racontait.

La Merditude des choses est le roman autobiographique (et romancé?) de Dimitri Verhulst. Abandonné par sa mère, le petit Dimitri passera une partie de son enfance dans une maison pourrie d'un bled flamand. S'entassent dans cette bicoque qui part en morceaux sa douce grand-mère, son père, Pierre, et ses trois oncles, Herman, Poutrel et Zwaren, tous connu pour être des soûlards notoires. Vivant dans la crasse, les mégots de cigarettes, le linge sale et les restes de nourritures moisie, sans presque aucun meubles suite aux passages successifs de huissiers de justice, et dépendants presque tous du chômage, La merditudes des choses aurait pu être un roman social déprimant dépeignant la pauvreté d'un quart-monde que nous côtoyons sans vouloir le voir. 

Ors il n'en est rien. La vie merdique dépeinte par Dimitri, c'est sa vie, sa maison, sa famille. Il a 13 ans et boit et fume déjà comme un Verhulst se doit de le faire. Entre les concours "tour de France" de biture organisé par son oncle Herman, leur champion du monde de soûlographie, ses baignades dans l'étang de Mme Palmyre qui y aurait noyé ses bébés, le concert de Roy Orbison à la télé ou encore les tournées des cafés entre père/fils/oncles qui se retrouvent tous vautrés dans un lit commun, les vêtements plein de vomi et/ou de fécès, nous découvrons un univers certes très éloigné des champs de fleurs dans lesquelles les licornes se font des manucures, mais qui n'en est pas moins truculent.

Si Verhulst décrit avec soin ce qu'a été cette part de sa vie que personne ne lui enviera, il le fait d'une manière qui m'a touchée: réaliste et un peu cruelle, mais belle et presque poétique dans sa crasse, nostalgique, émouvante même, et surtout drôle. On sent bien qu'aucun enfant ne devrait connaître ça, mais c'était sa famille, et ils étaient solidaires à leur étrange manière, fiers de ce qu'ils étaient et de ce qu'ils représentaient, même si cela signifiait être un looser, un pauvre type crade qui ne vit que pour boire encore et encore en chantant des chansons salaces dans un patois incompréhensible. Un bonheur comme un autre au final.  

Une belle surprise, et un bien beau roman.   

2 commentaires:

Miss Sunalee a dit…

Je n'ai pas lu le livre mais le film correspond tout à fait à ce que tu écris. Une belle oeuvre donc !

Sun Jae a dit…

Coucou Miss! Faudra que je mate le film aussi alors.

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Un joyeux bordel et un véritable mic-mac de ce que j'aime (ou pas), avec photo, jeux débiles, sondages navrants, bref, ma vie quoi ;) N'hésitez pas à laisser un p'tit mot!
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