Ces derniers temps je me prends à très souvent rêver d'un méga road trip américain. Une grande envie de liberté sans doute. Un besoin de vivre pleinement, sans contrainte de temps, de tâches à accomplir. Vivre pour la joie de vivre pour soi.
Je me souviens que quand j'étais étudiante, les "adultes" me disaient souvent: profitent bien de cette période de nonchalance, parce qu'une fois adulte, tu verras tu la regretteras. Et moi je me disais que ces vieux cons n'avaient rien captés, qu'une fois débarassée de ces études, de ces blocus, de ces travaux pratiques et autres brols inventés juste pour nous faire chier, nous les pauv' students, ce serait la fête! On ferait ce qu'on veut, on aurait un super job qu'on adorerait, comme dans les films. On aurait une vie splendide avec pleins de potes riches et célebres, une maison de 250m² super design, une chouette bagnole, un cheval, et blablabla.
Puis je suis devenue une adulte. Et j'ai déchanté. Et j'ai compris. J'aime pas mon job, mais ça paye bien, les horaires sont cool et les collègues sympa. Je vais avoir un appart' de 95m² que j'aurais jamais pu me payer si ce n'était une possession familiale. J'ai une voiture Cambio qui appartient à tout Bruxelles. J'ai des amis, des vrais, mais on est pas riches, ni beaux, ni minces et célebres. J'ai même pas de cheval, merde! Et je ne fais pas vraiment ce que je veux. Et pourtant ma vie me convient, à quelques détails près (c'est-à-dire quelques millions d'Euro manquants). Alors pourquoi ai-je parfois l'impression que je passe à côté de quelque chose, que ma vie est creuse? Est-ce parce que je n'ai pas de mioches? Parce que je ne m'épanoui pas dans mon travail? Ou parce que je suis juste une occidentale typique qui n'est jamais contente et toujours râleuse?
Quoi qu'il en soit, je me dis souvent qu'un road trip pourrait peut-être me satisfaire, m'ouvrir les yeux sur ce que j'ai, me changer. Ou juste me faire respirer. Voir autre chose, vivre autre chose, faire quelque chose juste pour moi, pas parce qu'on me l'a demandé ou parce que ça fait partie d'un plan pré-établi, mais le faire très égoïstement parce que MOI je le veux, putain! Je me mets à rêver être derrière le volan d'une belle américaine, avec l'Ôm à côté de moi, en bermuda et pieds nu, et Lucy à l'arrière avec le nez au vent, alors que nous parcourons les routes légendaires américaines, nous arrêtant pour déguster un hamburger dégoulinant de ketchup dans un diners où une serveuse à queue de cheval et en tenue des années '50 nous servira en nous appelant "honey" ou "sweetie".
C'est pas compliqué pourtant. Tu prends congé pendant quelques mois, tu te casses, tu vis, y en a plein qui l'ont fait. Ouais, OK. Mais déjà faut que l'employeur soit d'accord, et ça c'est pas gagné. Et quand on revient, y a quoi? Un appart qui a pris la poussière, le réveil le lendemain qui savouera sa victoire de nous sortir du lit pour au mieux, retourner à notre saloperie de bureau, au pire aller pointer au chômage, sans oublier le compte en banque qui nous fera mal au trouffion parce que nom de dieu, t'as oublié de l'approvisionner pendant tout ce temps, et la même question, toujours: qu'est-ce que je fous ici, bordel?
Peut-être que je me pose bien trop de questions, peut-être suis-je une éternelle insatisfaite, mais peut-être suis-je aussi terriblement banale. Car mes rêves doivent être les mêmes que le reste du monde, ou presque. Tout le monde ne rêve sans doute pas de conduire une Buick sur le Route 66, mais l'idée y est.
Alors je me demande si pour finir, ma vie telle qu'elle est, est-ce assez? Car l'appel de l'asphalte ricain se fait de plus en plus fort, alors que j'ai tant de choses à faire ici...
1 commentaire:
Moi je rêve d'aller me poser 6 mois au fin fond d'un village au Cambdoge, ou au Laos.... Alors bien sûr, le décor est différent, mais si tu savais comme je te comprends...
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