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mardi 23 juin 2015

Anatole Lebreton, ou les parfums-poètes



L'apprentissage des parfums ne se fait pas sans erreur. Ayant commencée à m'intéresser à ce monde des senteurs il y a peu de temps de cela (il y a deux ans très exactement, cf ce poste poussiéreux), je m'étais d'abord ensevelie dans des effluves de parfums de grandes distribution, squattant les rayons de l'Inno, collectionnant les touches de papiers dans des classeurs (que je n'ai plus jamais ressenties et que j'ai d'ailleurs foutues à la poubelle il n'y a pas si longtemps de ça) et jouant mon experte en reniflant les nouveautés et en trouvant tout très "intéressant" ou "innovant".

Bref, j'avais un pif de mert', et en plus, je faisais de mon nez (depuis le temps que je voulais la placer celle-là, ha ha!).

Puis j'ai passé un niveau, comme dans les jeux vidéos, mais sans tuer aucun monstre armée d'une épée mythique donnant +22 en force mais -13 en charisme (pour ça mes 15kg superflus font très bien leur job). J'ai donc poussé la porte des parfumeries de niches, et j'y ai découvert, toutes écoutilles ouvertes, des parfums plus riches, plus amples, plus profonds. Mais ne soyons pas sectaire: j'y ai aussi senti de belles merdes. Parce que y a pas à dire: tout le monde à un moment ou un autre, fait son petit caca.  

Pour ne pas me perdre dans des élucubrations de néophytes qui trouve tout "maaaagggnifico", je me suis alors mise à fréquenter des sites sur le parfum. J'y ai lu beaucoup de critiques, découvert que les vintages étaient des trésors que l'on chérit, que l'on ne jette pas dans l'évier et qu'on peut acheter sur ebay à des sommes dingues, et que c'est en sentant le plus de choses que l'on se forge un nez digne de perfumista. Grâce à tout cela, j'ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes uniques qui m'ont guidées (parfois sans le savoir) et qui ont fait de cette étrange passion qu'est le parfum quelque chose de vraiment merveilleux.

Et c'est au fil de mes expériences (mais aussi et surtout grâce à mon cher Dau) que je découvris Anatole Lebreton, aussi connu sous le nom de Civette au bois dormant dans la blogosphère. De la distribution quasi sous le manteau entre passionnés de parfums à la reconnaissance de ses pairs via des prix et des nominations (Olfactorama, Adjumi Awards), et, enfin, son site officiel en ligne depuis à peine quelques jours, Anatole a su gagner le cœur (et le nez) des amateurs de belles choses qui se sniffent.

Mon tout premier parfum d'Anatole Lebreton fut en fait sa seconde création: L'Eau Scandaleuse. Vous pouvez d'ailleurs lire son propre article sur le sujet sur son blog. 


Ce fut l'amour au premier sniff! En grande fan de tubéreuse que je suis devenue, je ne pouvais que succomber à ce parfum vraiment unique et franchement merveilleux. Pour décrire sa seconde création, Anatole parle d'une femme très charnelle entrant dans une boutique d'antiquité dans laquelle l'air est saturé par l'odeur du cuir de vieux fauteuils. 

Pour moi, il vous faut imaginer une fleur (type lys) dont les larges pétales se transforment petit à petit en un cuir luisant que l'on a envie de toucher du bout des doigts. Une sorte de lutte s'engage alors entre la tubéreuse et le cuir, mais il n'y aura aucun vainqueur, car ne pouvant conquérir la fleur, le cuir décidera d'en devenir l'amant.

Certes mon évocation est digne du lyrisme d'un mauvais Barbara Cartland, et pourtant c'est cette guerre que ce livre la luxuriance exacerbée des deux protagonistes qui rend ce parfum si unique et hors du commun. 

L'Eau Scandaleuse est un parfum intensément sensuel au sillage qui fera se pâmer quiconque sera prit dedans et qui fera de celui ou de celle qui le porte un être d'un érotisme absolu!

Mon second deal avec Anatole (on dirait presque que je lui ai acheté son parfum dans une ruelle sombre, humide et inquiétante) fut pour son troisième parfum, Bois Lumière, dont il parle dans cet article sur son blog.


Enthousiasmée par la présence d'immortelle, que j'aime beaucoup, et de miel, cette création-ci ne fut pas pour moi un coup de cœur comme le fut L'Eau Scandaleuse. Pourquoi? Et bien c'est simple: il arrive que certains composants dans un parfum - un peu comme en cuisine - vous rebute, ou vous rappelle des souvenirs peu agréables. Ceci n'étant évidemment lié qu'à votre propre petite personne. Ce fut le cas pour Bois Lumière qui, sur moi (je le précise hein!), me rappelle trop l'odeur de pipi. Ben ouais. De fait, dès qu'un parfum présente du miel dans sa composition, mon nez se fronce de suite car l'odeur qui s'exhale alors de ma peau me projette dans des toilettes, en générale pas très propres. Tof hein? Et pourtant j'adore le miel. Allez comprendre... 

Pourtant sur touche, qu'il est beau et riche ce Bois Lumière! En le sentant, je vois une vieille souche d'arbre, sèche et très noire, qui, soudain éclairée par un rayon de soleil, révèle la présence d'une ruche bourdonnante donc le miel épais et onctueux coule doucement sur ce bois sombre. Soleil, miel, bois. Un trio absolument divin. Malheureusement pas sur mon gras. Ne me reste plus qu'à en vaporiser sur mes t-shirts.

Bois Lumière, c'est un parfum gourmand sans l'être, un dessert au goût profond et intense. Personnellement, je sens plus le miel que l'immortelle, mais cela est sûrement dû au fait que le pif détecte souvent plus vite les senteurs qui nous gênent de celles qui nous plaisent.

Anatole voit en Bois Lumière un parfum d'été, que l'on ne porte que quand il fait très chaud et sec. Et je ne suis on ne peut plus d'accord avec lui. Tout comme Sables d'Annick Goutal, aussi à base d'immortelle (mais qui a lui un côté curry), que je ne porte que lors des canicules très sèches (surtout pas par temps lourd).

Et puis voilà qu'un jour, Anatole eu l'excellente idée de relancer la production, et ce de ses propres petites mimines vu qu'il fait tout cela tout seul comme un grand (passionné), de sa toute première création: L'Eau de Merzhin. Vous pouvez lire son article sur son blog également.


L'eau de Merzin, c'est la Bretagne au printemps telle qu'Anatole la connu enfant. On découvre alors un parfum joyeux, pétillant, délicatement vert et avec une petite note aqueuse hyper rafraîchissante pour contre balancer le coté un peu plus sec du foin coupé et mis à sécher. Et puis, il y a cet aspect très légèrement poudré qui apporte un brin de nostalgique. 

Sur ma peau, L'Eau de Merzin, après un moment, a cependant aussi une touche un peu moins verte et fraîche. Elle devient comme, disons, un peu "sale". Comme si après m'être roulée avec délectation dans le foin et les herbes, j'avais aussi par mégarde écrasé une motte de boue pas très fraîche. On peut voir cela de deux façons: soit on est rebuté par cet aspect de la fragrance, soit on y voit un côté plus animal qui rend ce parfum pas aussi innocent qu'il n'en a l'air.

L'Eau de Merzin, c'est ce que j'appelle un faux parfum simple, car il y a en lui tant de choses à découvrir au fil des heures qu'il vous étonne tout au long de la journée! 

Et enfin, destinée à n'être distribué qu'en quantité extrêmement limitée, Anatole nous offrit, à nous les élus (enfin, merci à Dau de m'avoir prévenue!), cette si jolie petite chose, ce qu'il appelle joliment un "parfum éphémère": En mai fait ce qu'il te plait


En mai fait ce qu'il te plait, c'est au premier pschiiit un énorme bouquet de fleurs printanières, en pleine floraison et donc en pleine exhalaison! On a le lilas qui bouscule le muguet qui lui même pousse la jacinthe, etc. C'est du catch floral en plein! 

Et puis, quand tout ce petit monde en pétale à fini son "pousse-toi d'là que j'm'y mette la corolle", on a un moment de sérénité ultime, comme si, une fois posé sur la peau, ce petit monde végétal avait décidé, fatigué, qu'il allait doucement s'endormir et se faner avec élégance. 

Voilà! Si je ne devais garder qu'un seul parfum d'Anatole Lebreton, ce serait sans hésiter L'Eau Scandaleuse tant cette fragrance fut un véritable coup de foudre. Mais là, c'est à vous de découvrir ces petits joyaux olfactifs!

Vous pouvez vous offrir les parfums Anatole Lebreton via sa boutique en ligne, il ne vous en coûtera "que" 90€ pour 50ml, ce qui reste un prix extrêmement raisonnable pour un parfum de niche, et pour de si belles créations sorties tout droit du nez d'un vrai passionné. 

5 commentaires:

Poupoune a dit…

Ha je vois que toi aussi tu les as tous ^^
Ils sont tous différents mais je les aime tous. Bois lumière m'évoque un gros chat qui a fait la sieste caché sous un bosquet d'immortelle en plein été (j'ai un effet fourrure très présent). l'Eau scandaleuse me provoque des rêves cochons (si si c'est vrai ça m'est arrivé après avoir préparé un décant un soir). L'Eau de Merzhin, que je ne pensais pas aimer, ravit mes compulsions de foin d'ancienne cavalière.
J'aime beaucoup ta description d'En mai..., le catch floral c'est très vrai!

Poupoune a dit…

PS : tes photos sont très chouettes!

Sun Jae a dit…

Merci beaucoup Poupoune! Ce que j'aime dans les parfums, c'est découvrir ce que les autres perçoivent et pourquoi, j'adore ça! Merci d'avoir partager ici tes impressions ^_^

L'Ivre d'ailleurs a dit…

Eh, voilà que je découvre le nouveau look de ton blog (j'étais chez ma grand-mère quand tu as publié cet article, du coup, il m'a échappé !!!) et cet article très intéressant sur des parfums parfaitement inconnus pour moi ! Un de ces quatre, je vais t'engager comme conseillère pour me trouver "THE" jus qui me convienne parfaitement ! Toujours aussi belles, tes photos !

Sun Jae a dit…

Merci ma jolie Syl ^_^

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Un joyeux bordel et un véritable mic-mac de ce que j'aime (ou pas), avec photo, jeux débiles, sondages navrants, bref, ma vie quoi ;) N'hésitez pas à laisser un p'tit mot!
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