Une journée pas comme les autres

Je me nomme Soeur Marie-Thérèse de Salefond en Couillu-les-Poils. Je ne suis pour l'instant qu'une jeune novice au couvent des Marolles et je m'acquitte des tâches journalières qui m'incombent avec joie et piété, que cela soit laver les toilettes des moines après une rencontre avec nos frères de Chimay ou biner la terre du potager où nous cultivons du chanvre pour l'exportation en Hollande. 

Mais aujourd'hui fût un jour particulier. Dès le lever du soleil, l'on me fit revêtir une robe de bure d'un blanc immaculé en lieu et place de ma robe de travail bleue foncée, et l'on m'apprit que j'allais rejoindre des soeurs et frères pour une missions spéciale et d'une grande importance. L'on me dit aussi que je ferai pénitence de mes péchés en portant des sandales de 3 pointures plus grandes que les miennes. Cela ne m'a pas posé trop de problème, je préférai nettement cette pénitence à celle de Père Sado Masochistien qui nous fit porter à tous un cilice sur la cuisse pendant une semaine après avoir lu un étrange livre portant sur les codes d'un certain Père Vinci. 

 

Je fus heureuse de constater que ma tendre amie, Soeur Marie-Joséphine du Troufion Perdu des Terres du Doux Lieu, était présente et m'accompagnerait sur mon nouveau chemin de croix. 

 Je me senti rassurée, quoi que je savais que Soeur MJ comme elle aimait être appelée, avait plusieurs araignées au plafond et m'entrainait parfois en des lieux que j'aurais préféré ne jamais connaître, comme cette nuit où elle ouvrit la porte de derrière, celle qui mène vers ce tunnel sombre et étroit et qui sent un peu mauvais, et que ses fréquentations laissent parfois à désirer...

Heureusement, nous étions bien encadrées et la présence d'autres jeunes soeurs bien intentionnées et bienveillantes ainsi que deux frères aguerri et toujours sobres fini de me rassurer.

Une fois nos robes d'un blanc virginal revêtues, nous nous dirigeâmes d'un pas leste vers l'Eglise Notre Dame du Sablon. En chemin, les tentations furent nombreuses et il me fallut toute la force de ma foi et ma dévotion entière et totale en notre bon Seigneur pour y résister...

Quelle ne fut pas ma surprise en arrivant devant la Maison de Notre Douce et Belle Dame du Sablon de constater qu'une foule bigarrée s'y était amassée! Des mendiants, des artisans, des bourgeois, la haute noblesse, tous y était. Mais le plus marquant fut la présence de l'Empereur Charles Quint en personne, j'en étais toute retournée! Quelle était donc cette mission secrète?

Une fois à l'intérieur de notre belle église, je fit la connaissance de quatre autres frères solidement bâti. Le Seigneur les avait doté d'une puissante force afin qu'ils puissent s'acquitter de leur tâche avec aisance. Notre mission à tous, si tant est que nous l'acceptions, était la même: nous devions escorter la statue de La Vierge Noire du Sablon jusqu'à la Grand Place de Bruxelles. Grand était cet honneur pour une si petite novice telle que moi.

C'est à la lueur de nos flambeaux, devant un parterre de nobles dames, que l'Empereur vient se recueillir devant l'autel avant que tous ensemble, nous entamions le pèlerinage vers la Grand Place.

L'histoire raconte que la Vierge Noire serait venue à Bruxelles par bateau d'Anvers. Notre Ordre se fit donc un plaisir de substituer discrètement la frêle Vierge Noire au délicat voile de dentelle à un char ancestral représentant Béatrice Soetkens sur son bateau apportant la vierge aux bruxellois.

Le chemin fut long et périlleux, mais notre foi nous protégea et nous pûmes escorter la Vierge et la noble assemblée sans encombre.

Une fois sur la Grand Place, nous eûmes l'immense privilège de défiler devant l'Empereur. Ce fut un moment magique que jamais je n'oublierai!

Ici se termine le manuscrit de Soeur Marie-Thérèse de Salefond en Couillu-les-Poils, décédée d'une crise de flatulence aigüe qui l'emporta dans un ultime vent...

A venir incessamment sous peu, l'envers du décors de l'Ommegang cru 2010! ^_^ Stay tuned!!

Photo: Olivier Hubin, Elisabeth Leloup et votre humble serviteuse :p