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mardi 17 février 2009

Critique cinématographique - The Wrestler

The Wrestler
Sun Stars: * * * *
(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)
Année : 2008
Réalisé par Darren Aronofsky
Avec Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood


 Aronofsky est un génie. Ce type peut se permettre de passer de "Requiem for a Dream" à "The Wrestler", tout en faisant un p'tit détour par "The Fountain" sans perdre de sa superbe. Autant de sujets différents, autant de succès et de films inoubliables. Et l'on peut dire qu'il prit de sérieux risques pour The Wrestler : changement radical dans sa manière de filmer (exit les images ésotériques aux couleurs vives de Fountain, The Wrestler se filmera en majorité caméra à l'épaule), un film avec comme (anti)héros une ancienne vedette du catch (!!), incarné qui plus est par Mickey Rourke, le loser du cinéma américain dont les apparitions dans divers petits films récents n'ont jamais pu redorer le blason (et ce malgré son excellente prestation dans Sin City!).

Rourke interprète ici Randy "The Ram" (le Bélier) Robinson, un catcheur professionnel qui connu son heure de gloire (au point d'avoir une action figure à son effigie) avant de sombrer dans l'oubli. On découvre donc un homme au corps body buildé mais à la condition physique défaillante suite à ses trop nombreux combats. Un homme qui ne vit qu'une fois présent sur le ring et sous les applaudissements du public, courbant l'échine dans la vie de tous les jours, vivement chichement et seul, et supportant les sarcasmes de son patron sans broncher.


Nous plongeons aussi avec Randy dans le monde du catch, milieu à la fois illuminé par les spotlights des show télé des méga stars, mais aussi par les lampes de fortunes de petites salles dans lesquelles les catcheurs débutants ou sur la fin, comme Randy, tentent de se faire remarquer… ou de ne pas se faire oublier. Des shows qui, pour attirer le public, peuvent impliquer l'utilisation de fils barbelés ou de pistolet à agrafes pour rendre le show plus impressionnant. Chose par ailleurs réussie : la violence de certains combats vous laissera pantois, les mains crispées sur les accoudoirs et le bouche tordue en un "La vache! Mais aïe quoi!".

Nous découvrons aussi de modestes catcheurs aux muscles surdimensionnés mais au cœur tendre, se soutenant et se motivant l'un l'autre, discutant calmement et en riant de qui fera quoi, si cela convient et si l'adversaire est OK pour faire telle ou telle prise. Ils savent qu'ils vont se faire mal, qu'ils se bousillent le corps, mais le catch est une passion à vivre intensément par ses pratiquants. Ce qui mènera Randy à l'hôpital. Un combat de trop, une violence un peu trop poussée et son cœur s'arrête.


Se remettant de sa crise cardiaque, Randy hésite entre raccrocher pour vivre encore quelques années ou poursuivre ce qu'il aime par-dessus tout. Seul, sans famille pour le soutenir, vivant dans une caravane miteuse, avec un job minable, il se console, en échange de quelques billets, dans les bras de la seule personne qui l'écoute: une stripteaseuse, Pam – ou Cassidy de son nom d'artiste. Incarnée par Marisa Tomei, et malgré la prestation parfaite de cette actrice trop souvent relégué à de petits rôles, Pam n'est cependant pas aussi crédible en stripteaseuse sur le déclin vu le corps de pure déesse que Tomei nous offre. Comme quoi parfois, la plastique parfaite des stars hollywoodiennes peut nuire à leur prestation.

Randy tentera aussi de renouer contact avec sa fille, Stéphanie (Evan Rachel Wood), et ce tant bien que mal, jouant de maladresse, pour enfin échouer lamentablement et perdre définitivement le seul lien parental et familial qui lui restait.


L'histoire est sombre, triste, désespérée, mais malgré tout, Aronofsky réussit à nous montrer le tout sous un aspect qui ne nous rend ni juge ni coupable. Randy vit dans une caravane pourrie, mais après tout, c'est son chez lui. Il a un boulot de merde, et pourtant c'est le travail du charcutier du Delhaize que l'on voit tous les samedi pendant nos courses. Quant à l'interprétation magistrale de Rourke, que dire si ce n'est qu'il a le ton juste quand il faut et comme il faut, et ce malgré son visage ravagé et a demi figé suite à ses opérations esthétiques ratées. Randy brille sous les projecteurs des rings mais n'est guère reluisant une fois sa vieille veste rapiécée enfilée et ses cheveux filasses et décolorés enroulés sous un bonnet d'hygiène. Il terrasse ses adversaires au catch mais s'efface et se recroqueville sous les remarques mordantes de son directeur de supermarché. Une sorte de vieux chien blessé dont personne n'a pitié.


C'est cependant ce manque d'implication de la part du spectateur qui me pousse à ne donner que 4 Sun Stars à ce film. Je compatis au sort de ce pauvre type paumé, fauché et fini, mais son sort ne m'a jamais vraiment touchée (à contrario des personnages de Requiem for a Dream qui m'ont flanqué une raclée monumentale). Peut-être était-ce du au traitement de l'image, qui frôlait de très près le style documentaire sans aller jusqu'au sentimentalisme. Ou au côté parfois un peu prévisible de son histoire (la dispute finale avec sa fille). Randy, on le plaint, mais on ne pleure pas sur son sort. Du moins pas moi en tout cas.

Ce que je retiendrai le plus sera sans nul doute la fin. Le spectateur se retrouve face à deux options : choisir le désespoir le plus total, ou, comme moi, penser que Randy a été jusqu'au bout, a fait son choix, l'assume et terminera sa vie comme il l'aura décidé lui-même.

Je finirai sur cette phrase, déjà devenue mythique, de Randy/Rourke – qui de Randy ou de Rourke la prononce vraiment, allez savoir, tant le parcours de ces deux monstres au cœur de guimauve sont proche: "The only place I get hurt is out there. The world don't give a shit about me."

En prime avec cette critique, la bande-annonce de The Wrestler

1 commentaire:

fourmi a dit…

Pas vu donc pas lu ta critique,je reporte donc cela à plus tard...Juste pour dire un truc, hein...Vive les commentaires!
:D

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