Cette année, on a décidé de ne pas partir en vacances loin. De un parce que je n'arrive pas à me dire que si on part en avion, je vais devoir laisser la Pouille, et ce même si j'ai de bonnes âmes en qui j'ai confiance qui peuvent la garder. Et il est hors de question de la faire voyager en soute, elle est trop flippée de la vie pour ça. De deux, parce que Maguth m'a avoué ne pas avoir envie de partir cette année. Et de trois, parce qu'on vient de s'acheter une bagnole qu'on a baptisée Darth Venga et qui m'a coûté un bras. Oui, j'ai craqué, je participe dorénavant aussi à la pollution mondiale. Mais nom de Zeus, que ça me simplifie la vie!
Après avoir passé lundi et mardi à faire des courses qu'en général on n'arrive à faire ensemble que difficilement (Ikea, Brico, Vandenborre, la crème de la crème, quoi, super classe et glam'), nous nous sommes décidé au presque pied levé de partir dans les Hautes Fagnes. Maguth avait un beau souvenir de la région dans laquelle il avait été étant petiot, et moi je n'avais aucun souvenir du tout n'ayant jamais posé ma graisse là-bas. J'avais envie de passer la nuit sur place, dans un hôtel supra chic. Pas de bol, tout était booké, ou alors les hôtels qui avaient l'air classieux avaient des critiques abominables sur booking.com ou tripadvisor. De plus, il était difficile de randonner sur place avec la Pouille, le Parc Naturel des Hautes Fagnes ne tolérant les chiens que sur quelques sentiers, on aurait raté le plus beau: les chemins de caillebotis. La météo s'annonçant clémente ce mercredi 19 septembre, nous avons décidé de laisser Lucy à la maison (comme si on allait bosser m'a dit Maguth pour me déculpabiliser) et sommes parti à deux faire une petite promenade qui, je l'espérais, n'allait pas en demander trop à ma constitution de gant de toilette.
C'est donc vers 09.00 que nous avons enfourchés Darth Venga pour nous lancer sur l'autoroute de Lièch' après avoir traversé tout Bruxelles en pestant contre ce bête GPS qui ne savait pas que prendre les tunnels à cette heure là en semaine, c'était encore galère. Nous avions pris chaussures de marches, vêtements en polar et gore-tex et fait le plein de boissons et de bouffe vu que les températures à Botrange affichaient un beau 10°C.
Nous arrivons au Signal de Botrange, le point culminant de la Gelbique (694m), vers 11.00 pour nous retrouver face à une porte close devant le bureau d'info touristique. Mouais. Direction le resto d'à côté, le gérant nous annonçant que ce n'est pas la première fois que le centre ferme (ou n'ouvre pas du tout) sans prévenir, et nous décelons une pointe d'agacement lorsqu'il nous dit qu'il doit tenir ce discours plus souvent que nécessaire à de pauv' touristes perdus. Nous ré-enfourchons Darth Venga et nous dirigerons zalors au centre nature qui se situe à moins d'1km de là. Le centre est très beau, tout en bois avec un feu ouvert au centre qui réchauffe les voyageurs égarés de la lande... Une dame nous vend une carte de rando à 2€ (vu le prix je m'attendais à une carte sur un papyrus rare et précieux avec un lettrage à l'or fin mais non) et nous indique un chemin de +/-10km qui fait le tour de LA zone à voir. On s'équipe et hop, on y va.
Le fond de l'air est frais mais vivifiant et nos poumons hurlent de douleur: où est donc le mélange de gaz d'échappement, de chauffage et de pollution industrielle auquel ils sont habitués?! Le temps est vraiment idéal pour de la rando à vrai dire. Nous traversons un bois de conifères avant d'atteindre une aire dégagée, la fagne du Neur Lowé: quelques conifères épars, des bouleaux, des myrtilliers, de la bruyères, des herbes hautes: le paysage change du tout au tout.
Nous poursuivons notre route, traversons la nationale pour plonger à nouveau dans un bois de conifères avant de rejoindre un petit ruisseau baptisé le Ru de Polleur, situé dans le Beaulou (ou Beleu, à prononcer très vite à la suite l'un de l'autre pour avoir l'air idiot).
Le sentier en gravier
suit le petit ruisseau et est bordé de bouleaux, de hautes herbes et de
fougères. Le sentier fait soudain place aux caillebotis (interdit aux
chiens donc). Le paysage est splendide, très calme et serein, et le
soleil joue à cache-cache avec les nuages. Je me dis qu'être là une nuit
de pleine lune doit être magique.
Nous parvenons alors à la Fagne de la Poleûr: incroyablement trop magnifique. Les caillebotis survolent une mer d'herbes vertes et rousses dans laquelle surnagent quelques arbres et quelques massifs de fougères d'un vert indécent. Nous avons de la chance, il n'y a personne autour de nous. Je ne savais pas que ma petite Belgique recelait de si beaux paysages. Certes, en été, alors que la zone doit être prise d'assaut par les touristes et familles avec poussettes, l'ambiance doit être tout autre, mais là, je savoure le privilège de "posséder" l'instant et le lieu. Le nom de Poleûr me rappelle quelque chose, et pour cause, nous avons été au village de Polleur, près de Verviers, il y a de ça 3 ans lors de notre périple pépinstérois. Rien à voir avec la Fagne de la Poleûr bien évidemment...
Nous décidons de rejoindre le Mont Rigi pour manger dans le restaurant du même nom. Il faut croire que les locaux sont frileux car malgré un soleil éclatant, la terrasse, pourtant dressée, est fermée. Nous optons donc pour une table près de la baie vitrée avec une belle vue sur la fagne, table que je regretterai tout au long du repas car nous avons littéralement cuit sur place. Sur le sous-plat en papier figure la légende locale assez perturbante de Gilles, le herdier nain du Mont Rigi, tombant amoureux d'une donzelle qui évidemment se refuse à lui. Le nain en question étant plutôt colérique, il se pendit mais hante à présent la lande avec son chien et ses bœufs. Tout compte fait, visiter la Fagne de Poleûr la nuit, je vais éviter...
Après un repas qui fût très bon à défaut d'être véritablement du terroir (croquettes ardennaise et lapin aux pruneaux pour moi, croquettes aux crevettes et filet de porcelet au poivre pour Maguth), nous sortons du sauna qu'est devenu le restaurant et reprenons la route pour rejoindre le centre nature: après avoir traversé une portion de bois de conifères, nous longeons la Fagne Wallonne, dans laquelle il est interdit de circuler sans guide. C'est une vaste plaine d'herbes jaunes qui fait penser, il est vrai, aux prairies de l'ouest américain que l'on voit dans les films de western (moins les éoliennes en arrière plan). Au loin, nous distinguons deux nuages de pluie: nous marchons à plus vive allure, n'ayant pas forcément envie de prendre une douche post-digestive.
Parmi la végétation de
cette lande, on distingue de petits rameaux noircis, un reliquat de
l'incendie de 2011 peut-être?
Nous avons aperçu un faisan perché sur une
branche, que Maguth a tenté de faire bouger en lancer de minuscules
cailloux qui n'ont bien évidemment pas atteint leur cible. Cela dit, mon
cri de guerre n'a pas eu plus d'incidence sur la chose.
Nous arrivons au centre vers 16.00. Nous avons parcouru +/- 11km en +/-2h30, sans tenir compte de la pause-resto. Ce fut une bien belle promenade et les paysages valent le détour. Pour ceux qui ne veulent pas se casser les miches, sachez que la Fagne de la Poleûr est accessible directement via le Mont Rigi.
La dernière étape de notre mini-trip fut un arrêt au magasin Amon Tchiniss à Malmedy proposant divers produits du terroir. Le monsieur, super sympa, nous a guidé dans tout son magasin, et j'y ai fait un stock indécent de fromages qui ont parfumé Darth Venga mieux qu'un sapin magique (le Bernister Fleuri est une tuerie, le Malmedy, le Petit Fagnard et l'Ovifat sont par contre un brin trop forts pour moi) et de sirop Charlier (sorte de sirop de Liège en 1.000 fois meilleur et naturel constitué uniquement de pommes et de poires), mais aussi de Fleur de Franchimont (boisson fermentée aux pommes aux fleurs sauvages), de moutardes au goût bizarre et de bières de la Brasserie de Bellevaux, le tout à distribuer aux potes qui le méritent.
Une belle journée, de belles images plein la tête et de la super bouffe du terroir dans la cuisine, que demander de plus?