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mercredi 20 juin 2012

Tranche de vie du parc

Je promène Princesse Lucy tous les jours au parc du W. pendant au moins une heure après le boulot. Ca me déstresse. On prend l'air toutes les deux. Elle fait pipi pendant que moi sur mon smartphone je vais sur le livre des faces voir qui a commenté mes photos débiles. Elle fait caca, et je prépare le p'tit sac pour cueillir son étron en priant pour qu'il ny ait pas de trou dans le sac, que ses selles ne soient pas trop molles (sinon ça colle à l'herbe) et que ça ne fouette pas sa mère grave parce qu'il n'y a pas de poubelles aux alentours.

En général, je rejoins une amie au parc. "Comment veux-tu que je t'appelle sur mon blog moisi?" lui ai-je demandé. "Ne m'appelle pas" a t'elle répondu. Ne-m'appelle-pas, c'est un peu long à taper, mais bon c'est ce qu'elle voulait.

Ne-m'appelle-pas a un chien elle aussi. Evidemment. Parce que si elle n'en avait pas et qu'elle se pointait tous les jours au parc, par vents et marées, pour se promener avec moi, Lucy et son chien imaginaire, je me poserai des questions sur sa santé mentale. Mais son chien est bien réel, comme en attestera la suite de cette histoire. Pour protéger son anonymat, son chien (un cocker) sera appelé Pas-répondu. Je lui ai aussi demandé comment il aimerait que je le nomme sur mon blog mais il ne m'a pas répondu. Pas-Répondu, c'est aussi pas évident à porter comme nom, et c'est galère à écrire, mais bon.

Ne-m'appelle-pas garde aussi le chien d'une voisine partie en vacances. Un petit truc blanc, plus très jeune, à l'anus proéminant et qui se moque comme d'une guigne des ordres qu'on lui donne. Je nommerai ce chien Oubli. Vous verrez pourquoi plus tard.

Or donc, nous étions au parc hier soir. Il faisait bon, un peu venteux mais doux, nuageux mais pas trop, et les tilleuls exhalaient un parfum doux, fleuri et très légèrement sucré qui enivrait mon pif plat d'asiat' aux lunettes qui glissent. Il n'y avait pas trop de monde et nous savourions le moment présent. Nous étions assises sur un des versants vallonés de ce bel espace vert, moi sur un sac en plastique de la Fnac, et Ne-m'appelle-pas sur un sac à crotte sans crotte pour éviter d'attraper un rhume de cul à cause de l'herbe très légèrement humide.

On discutait de tout et de rien, Pas-répondu aboyait de temps en temps en fourrageant dans les fourrés, Lucy courait après les batons que je lui lançais sans jamais les ramener. Et Oubli, et bien on l'avait l'oublié, fâcheuse tendance que nous avions tant ce chien est discret. Il disparaissait puis réapparaissait lors des promenades, comme si il empruntait un tunnel temporel.

Tout à coup, un jeune golden retriever fit son apparition. Un peu foufou, il se mit à renifler l'orifice à crotte de Lucy, qui, étant stérilisée, n'aime pas du tout ça. Pas-répondu courru à son secours afin de chasser le malotru, mais, encombré d'une branche d'arbre de la taille d'un gosse de 12 ans qu'il voulait absolument ramener avec lui, il finit par abandonner la tâche de garde du corps et se contenta dès lors d'aboyer sur sa bûche, ce qui, vous vous en doutez, ne fit ni chaud ni froid au golden retriever lécheur de trou-de-balle. Ce dernier n'avait pas plus cure des hurlements de sa maîtresse pour le ramener à ses pieds. Quant à Oubli, il tentait de se faire oublier de ce gros chien venu d'il ne savait où.

Vint alors se rajouter à l'équation un cinquième chien, un labrador de bonne taille, les poils de crête tous relevés, ce qui n'est jamais bon signe. S'en suivi un méli-mélo / manège tournicotant de poils, aboiements, queues fouettant l'air et sorties des rectum canin, tout ça à moins de 48.3 cm de nos propres visages à Ne-m'appelle-pas et moi-même, avec Pas-repondu qui continuait à hurler sur la branche qu'il avait ramenée et qui gisait, morte, à ses pattes. Pourquoi les chiens s'obstinent-ils à toujours jouer, courir ou se battre entre nos jambes ou sur nos genoux reste un mystère à éclaircir.

Enfin, le jeune golden retriever se décida à rallier le vaisseau-mère qui avait la forme d'une jeune femme mince aux cheveux tirant légèrement sur le roux et en sandales d'été. Pas-répondu ayant enfin abandonné sa branche morte de 38kg, il se dirigea d'un pas gaillard vers le labrador à crête afin de défier celui-ci en un duel mortel de regard en coin. S'en suivi un défi angoissant de coups d'oeil en oblique et de retroussement de babines, Pas-répondu tentant qui plus est de paraître plus grand que le labrador sans comprendre qu'il lui manquait facilement 14cm au garrot au minimum. Cest à bras-le-corps que dû intervenir la maîtresse du labrador à crête afin de ramener celui-ci dans son giron, tout en s'excusant platement du comportement de son chien. Le calme revint enfin. Pas-répondu pu se consacrer à nouveau à son travail de percheron ardennais dans les fourrés, Lucy pu à nouveau courrir après des bâtons sans les ramener et Oubli fut à nouveau oublié.

C'est alors que la tête chevelue d'une dame connue de tous les maîtres de chiens mâles apparu au sommet de la pente sur laquelle nous étions sises (en fait, c'était dans notre dos mais on l'a vue en se retournant). Une dame possédant trois chiens, dont une chienne en châleur. Une dame qui s'obstine à venir au parc avec cette chienne, et qui du coup, rend tous les mâles fous d'excitation. Cela fait deux semaines que l'on essaye d'expliquer à cette dame que non, vraiment, venir au parc avec une chienne en pleine chasse, c'est pas le mieux à faire, surtout à l'heure où l'on peut lâcher les chiens. Deux semaines que cette dame nie totalement le bien-être de tous les autres promeneurs et de tous les autres chiens. Une dame à abattre quoi.

Pas-répondu ne fut bien évidemment pas insensible aux charmes sanglants de la chienne de cette pauv' dame un peu ramollie de partout mais surtout du bulbe. La solution trouvée par cette charmante imbécile: porter sa chienne dans ses bras. Pas-répondu n'en fut pour le moins pas dupe et entrepris de sauter sur la dame dans l'espoir vain d'apercevoir la rose plapitante d'amour de cette chaudasse de chienne. Tout comme le jeune chien d'un autre promeneur par ailleurs. Dans ma tête, je voyais déjà quel sorte de tableau cela pourrait donner: imaginez le style de La Dame à la Licorne, mais en lieu et place d'une donzelle, placez une grosse dame de +/- 60 ans à la chevelure filasse et en même temps bouffante, portant une chienne à la vulve gonflée et légèrement tachée de sang, avec aux pieds de la grosse dame deux chiens, un cocker et un petit chien mince et noir debout sur leurs pattes arrières, faisant le beau en quelque sorte, la langue au vent et le pénis humide à l'air. Voilà, vous avez "La Connasse du Parc", un chef d'oeuvre malheureusement pas rare du tout et gratis qui plus est.

Ne-m'appelle-pas n'eut pas d'autre choix que d'aller chercher Pas-répondu par la peau du cou et de le tenir pendant que la décérébrée faisait son tour, laissant sa chienne uriner partout, ce qui, en langage chien, est l'équivalent des petits mots laissés sur les cloisons des chiottes publiques, genre "je baiz pour un choco - apèllle moi au 0123456".

Une fois la dame disparue dans le petit bois jouxtant les plaines du parc, Ne-m'appelle-pas lacha son chien qui fonça droit lire le petit mot laissé par la cette chaudasse de chienne qui "baiz pour un choco". Ne-m'appelle-pas resta donc debout pendant 15 min, les yeux rivés sur son chien pour empêcher celui-ci d'aller échanger son Kinder Bueno contre une partie de pattes en l'air. Je suggérais alors de déplacer nos trônes de plastiques et de nous asseoir à proximité de l'endroit où Pas-répondu commençait à décryptre la lettre d'amour urinaire de la chienne, histoire que mon amie ne reste pas debout pendant une heure et qu'elle puisse intervenir si son chien décidait de fuguer pour retrouver sa belle (ce qu'il tenta d'ailleurs de faire plusieurs fois).

Nous étions à peine assise qu'une effluve nauséabonde vint titiller nos narines. Une sorte de mélange de prout marinée dans du vinaigre avec une touche de fermentation de viande rouge. De la merde en d'autre terme. "Je savais bien que j'avais marché dans quelque chose de mou" dit alors mon amie d'un ton peiné. Ayant décidé de porter ses bottes à semelles crantées pour la promenade, c'est avec horreur que nous avons constaté que toutes les rainures de sa botte droite étaient pleines de matières fécales (mal)odorantes. Nous maudîment sur plusieurs générations le/la maître(sse) de chien qui n'avait pas ramassé les déjections de son clebs.

Vint se rajouter à cette découverte le sadisme de Pas-répondu qui, nous voyant occupées à contempler une masse de caoutchouc collée au pied de sa maîtresse, fainta retourner fourrager dans les buissons avant de tenter une fuite vers les bois dans lesquels avait disparue l'élue de son sperme. Fuite vaine car Ne-m'appelle-pas pu l'intercepter à temps, faisant voltiger dans les airs des particules odorantes de merde canines tel le pollen au printemps à chaque pas qu'elle fit.

Je suggérais alors à mon amie de lever le camp et de faire le tour du parc au lieu de rester statique afin de distraire Pas-répondu. Le stratagème fonctionna plutôt bien, et nous pensions pouvoir clôre la promenade de manière plus calme. De plus, cela permis à Ne-m'appelle-pas de frotter sa botte dans le gravier et l'herbe afin de la nettoyer. Nous avons même sauté de joie en apercevant un résidu de flaque d'eau boueuse dans laquelle elle pu faire patuager son pied aux remugles d'étron.

Nous marchions depuis à peine 10 minutes lorsque, ayant retrouvé Oubli que nous avions à nouveau/encore (biffez la mention inutile) oublié, Ne-m'appelle-pas  chercha soudain Pas-répondu. Il était en fait tout près, dans de hautes herbes, quand soudain, un bruit étrange sorti de sa gueule, une sorte de "RaakkkkGAAaaarrrggh" rauque et mouillé. Pas-répondu venait de vomir.

Ne-m'appelle-pas resta d'un calme olympien. Elle sorti le seul et unique mouchoir en papier qu'elle avait en sa possession et entrepris de nettoyer le museau nauséeux de son chien. Heureusement, à quelques mètres de là se situe une petite baraque en brique qui n'ouvre qu'en été, abritant un monsieur-pipi faisant aussi office de vendeur de glaces, boissons, chocolat etc, mélange commercial pour le moins étrange grâce auquel nous pouvons maintenant avoir le chocolat au bord des lèvres de multiples façons. A l'extérieur de cette baraque a été installé un robinet afin d'abreuver les chiens et tout récemment, nous y avons trouvé un évier au ras du sol, fixé au mur (je le croyais déposé là comme un déchet), et qui fait en fait office d'abreuvoir. Amis du design et de la grande classe, bonjour! Outre le look abominable de la chose, l'évier en question était plein d'eau, de feuilles mortes, de brindilles, de cailloux, bref, il était clairement hors de question que nos chiens s'abreuvent là-dedans.

Ne-m'appelle-pas y plongea donc sa botte crottée en fronçant le nez avant de refaire couler de l'eau pour tenter de nettoyer l'évier. Quant à moi, je réprimais un brusque haut-le-coeur. La vue de ce lavabo dégueulasse accroché au mur me révulsant au plus haut point. J'ai toujours eu un souci avec la saleté. Au point que je me demande si je n'acheterai pas des lingettes pour mes mains. Monk a raison tout compte fait, ce monde est si sale.

Heureusement, rien de bien notable ne nous arriva par la suite. Nous ralliâmes la sortie du parc sans autres incidents ormis l'oubli de Oubli que nous retrouvâmes de suite. La promenade se clôtura par les salutations de rigueur à un autre habitué du parc qui nous lâcha une blague d'une finesse de la taille d'une enclûme.

C'était un jour au parc comme un autre, après tout.

2 commentaires:

Alex a dit…

Merci pour cette tranche de vie palpitante et rigolote.
J'espère pouvoir lire bientôt de nouvelles aventures avec Ne-m'appelle-pas & Co. ;-)
Bibises

Sun Jae a dit…

T'as pas idée du nombre de conneries que je pourrais raconter sur les "gens du parc"... C'est un monde miniature!

Bienvenue ici ! Welcome !

Un joyeux bordel et un véritable mic-mac de ce que j'aime (ou pas), avec photo, jeux débiles, sondages navrants, bref, ma vie quoi ;) N'hésitez pas à laisser un p'tit mot!
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