Samedi 17 septembre 2011
Je me réveille après une nuit de quasi insomnie malgré la fatigue de la marche d'hier et le stress de l'hospitalisation de Maguth. La rando, c'est fini pour ces vacances, Maguth devant rester au calme et bouger le moins possible.
Cela tombe bien car aujourd'hui, à 11.00, à lieu l'Almabtrieb à Neustift. L'Almabtrieb, c'est la transhumance, le jour où les troupeaux de vaches descendent des montagnes pour rejoindre les plaines et les étables afin de les préparer à passer l'hiver. Pour l'occasion, les vaches sont décorées et parées de leur plus beaux atours. Nous ne pensions pas pouvoir assister à cet évènement mais la chance, quelque part, est avec nous, vu que cela se passe en plus à Neustift.
En attendant 11.00, je promène Lucy, on prend le petit déjeuner et on vide notre jolie chambre. N'ayant réservée celle-ci que jusque vendredi vu que nous pensions à la base aller au parc Hohe Tauern après s'être baladé dans la vallée du Stubai, nous avions demandé à Karin si il était possible de rester dans sa B&B. Elle avait heureusement encore une chambre de libre, mais sans balcon et sans kitchenette et au rez-de-chaussée, notre chambre actuelle ayant été réservé par d'autres personnes arrivant ce samedi.
La chambre n°5 est située juste en dessous de la 2, celle où nous étions avant. Le balcon me manque cruellement, surtout que la journée s'annonce à nouveau belle et chaude. Mais soit. Pendant que Maguth reprend ses One Piece, je sombre dans un sommeil lourd, pour me réveiller à 10.50 en sursaut. l'Almabtrieb va commencer!
Nous sautons dans le veau, Maguth ne se sentant pas la force de descendre jusqu'au centre du village à pied, et nous garons vite fait bien fait sur le parking de la place du village avant de rejoindre la masse de gens alignés le long du trottoir, à proximité du centre musical, où un groupe local en costume de montagnard tyrolien entame une symphonie toute... heu... tyrolienne dirons-nous, au grand bonheur du monsieur taillant des edelweiss dans des bâtonnets de bois. La bière coule à flot dans la tente-mess prévue à cet effet.
Le temps passe. Nous nous mettons à l'ombre. Il est déjà 13.30 et toujours aucun signe des vaches. Les vaches autrichiennes ne sont pas ponctuelles. Quand enfin, une voiture de police se place en haut de la rue, tentant de bloquer la circulation, ce qui n'a pas beaucoup de succès vu le nombre de bagnoles et même de bus qui continuent de passer.
On entend soudain un énorme bruit de craquement/claquement, avant de voir 3-4 hommes faisant virevolter un énorme fouet de corde dans les airs. Le bruit est assourdissant et Lucy n'apprécie guère. Les cloches des vaches retentissent enfin dans les rues. Elles arrivent!
Le défilé de l'Almabtrieb débute avec l'arrivée de deux damoiselles (vierges?) montées sur de jolis chevaux, suivies d'un cortège de marmots en culotte courte à bretelles et robe à la Heidi (oui je sais, Heidi est suisse mais c'est pour l'image quoi). Viennent ensuite les grands-pères sur leurs tracteurs...
Les vaches arrivent enfin! Il ne s'agit évidemment pas de tous les troupeaux de la région, mais bien d'une petite partie pour célébrer la tradition et faire plaisir aux touristes - à nouveau majoritairement allemands.
Les vaches portent des décorations figurant des croix (quand je vous dis qu'ils sont hyper croyants là-bas), mais aussi des mini sapins de Noël, des guirlandes et de splendides colliers à cloche. Les cloches résonnent, les vachers crient (pas de yodle!), les touristes applaudissent, Lucy hurle (elle n'aime pas les vaches, c'est clair) et moi j'ai envie de bourrer le mou à une grosse dame qui se trouve toujours dans le champ de vision de mes photos.
Le troupeau qui défile provient apparemment de la région de la cascade de Grawa - cette cascade nous hantera décidément à tout jamais...
Deux courtes petites vidéos pour que vous bénéficiez de l'ambiance sonore :)
Deux courtes petites vidéos pour que vous bénéficiez de l'ambiance sonore :)
Le hurlement bizarre que vous entendrez au début de cette vidéo, c'est Poupouille qui tient à signaler qu'elle n'aime pas ça.
Après les vaches, viennent les chèvres...
Mais aussi les poules, les oies et un coq...
Tout ce beau monde est ensuite conduit vers un petit pâturage juste à côté du centre musical et la fête du village peut enfin commencer.
Obligée de porter Lucy vu le monde qui la piétinerait sans même s'en apercevoir, nous pensons partir quand une effluve traitresse de bouffe à faire damner un saint vient nous titiller les narines. Car qui dit fête du village avec orchestre local dit bouffe locale! Je crois pleurer de joie. Des grandes tentes abritent du soleil de braves gens occupés à préparer des plats riches en protéines, vitamines et minéraux essentiels sur lesquels je fonce comme un colibri autrichien sur un balcon fleuri, si ce n'est que j'ai plutôt la carrure d'un ours...
Je décide de tout goûter! Envoyez moi les saucisses (qui ne sont pas des wiener) avec le petit pain et la moutarde mais aussi un petit bol de "tiroler gröstl" constitué de pomme de terre, oignon, bidoche et beaucoup de beurre parce que le beurre, c'est la vie. Un délice.
Et hop, quelques pommes de terre à mélanger avec juste 1.5kg de beurre...
Nous mangeons assis par terre, juste à deux pas d'une belle jeune fille qui tient un stand de fromage. Elle aussi je l'aime.
J'achète pour 14€ de fromage à l'odeur tout sauf subtile avant de rallier la tente suivante vendant ce qui semble être une sorte de croustillon plat servi avec soit de la choucroute (hu?!) soit de la confiture d'airelles saupoudré de sucre glace. Il s'agit de "kiachl", typique de la région. J'opte pour l'option sucrée, un croustillon plat à la choucroute, c'est vraiment trop exotique pour moi. C'est un vrai régal malgré le fait qu'il y fait au moins 25°C, que le soleil nous brûle alors que je porte un pull épais (sans t-shirt en-dessous, j'apprendrai jamais) et que mon estomac est déjà plein de tiroler gröstl. La preuve, j'ai même pas pensé à prendre une photo de ce délice, donc voici une image du net.
Après avoir touché le paradis gastronomique tyrolien, nous reprenons le veau et revenons à la B&B. La petite chambre me frustrant trop, je décide d'aller sur la terrasse siroter un soda local qui traînait dans le frigo commun. Une sorte de jus de pomme doux à bulles. Le mari de Karin ayant décidé de nettoyer son garage au karcher (pollution sonore niveau 9), je décide de partir faire un petit tour avec Lucy, laissant Maguth se reposer devant le laptop. Je pense marcher juste une petite demi-heure, les coussinets de Lucy ayant été un peu irrités par la longue marche de la veille.
Il est 15.30. Je suis la route Obergrasse mais eu lieu de la descendre pour aller au village, je prend le petit chemin qui monte et qui rejoins la route forestière menant à la station du téléphérique Elfer depuis lequel je m'étais élancée en parapente. Le panneau indicateur mentionne 2 heures pour monter tout en haut. Je pensais atteindre Elfer avant de prendre le téléphérique pour redescendre mais celui-ci fermant à 16.30, je n'aurais pas la possibilité d'y parvenir à temps et devrais donc me résoudre à ne faire qu'une portion du sentier.
Le chemin longe une petite ferme avant de s'enfoncer dans des sous-bois. Le sol est inégal, plein de racines et de pierres. C'est comme monter un escalier avec des marches toutes différentes et toutes trop hautes. Je sue du tiroler gröstl et du kialch et me demande pourquoi j'aime m'infliger ça au lieu de rester avec Maguth à lézarder dans la B&B. Une fois la route forestière rejointe, la marche est nettement plus aisée. Je croise pas mal de gens qui descendent, aucun qui monte mis à part une grosse gonzesse sur une moto-cross.
J'entends au loin des cloches quand soudain apparaissent des vaches! Un autre almabtrieb, un "vrai" cette fois, sans décoration ni orchestre. Juste pour moi. Je suis béate, Lucy est hystérique, ce qui intrigue la vachette noire qui vient voir de plus près ce qu'est cette petite boule rousse qui hurle avant qu'un vacher ne vienne la remettre au pas. Ils ne portent pas de bermuda à edelweiss mais des jeans ou des pantalons de travail et des chemises à carreaux.
Hilares de voir mon chien aussi perturbée, l'un deux me dit quelque chose dans son allemand autrichien qui est vraiment un dialecte bizarre. Il se fout sans doute de ma poire d'ailleurs.
Je continue mon ascension. Je dois être à mi-chemin quand, jetant un œil au ciel qui s'est fort couvert, je remarque des nuages bien noirs au loin. Connaissant la montagne et son climat extrêmement changeant, je décide de faire demi-tour à l'aise. Jusqu'au moment ou un coup de tonnerre retenti. Ça pue. Je me presse un peu plus et garde un œil sur le ciel qui se fait de plus en plus menaçant. Je descends en courant maintenant. Aucune envie de me retrouver sous un orage en pleine montagne, sans veste et en jogging pantacourt qui plus est (trop le style). Je fini par rejoindre "mon" almabtrieb et me calme, au moins si il m'arrive quelque chose, ils seront là pour aider la pauv' touriste chinoise en détresse avec son chien des villes. Je reprends le petit chemin dans les sous-bois, hyper casse-gueule en descente et franchi la porte de la B&B alors que les premières gouttes se mettent à tomber. Maguth, mort d'inquiétude, hésite entre m'engueuler et me faire un bisou. Il opte pour le second choix. Ouf. Ma petite promprom de 30 min a duré en fait près de 2h30. Oups.
Nous nous installons sur la terrasse pour regarder l'orage péter au-dessus de nous. C'est un petit orage qui passe bien vite.
Ce soir-là, nous décidons d'aller chercher des pizzas au resto italien pas loin de la B&B. Nous commandons deux pizza pepperoni, ail et salami et mangeons dans la salle commune dans laquelle Karin et ses parents (je suppose) boivent un verre en compagnie du couple âgé qui réside chez eux. Sûrement des habitués des lieux. Notre pizza est délicieuse mais fouette l'ail sévère. Maguth, blindé de médoc et d'antidouleurs costauds, a l'appétit en berne, tandis que mon tiroler gröstl et mon kialch tentent de faire de la place à la pizza.
Je m'endors comme une marmotte sans m'en rendre compte vers 22.30, bercée par les voix japonaises de One Piece que Maguth regarde toujours...
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