C’est perdu au milieu
de cette commune qui n’a rien de touristique qu’est sise la Haute Parfumerie
Place Vendôme, créée il y a 25 ans de cela par David Depuydt. Un lieu loin de
tout pour un écrin de luxe, de volupté et de sensualité dédié aux vrais
amoureux des fragrances rares et uniques. C’est en effet le seul et unique endroit
en Belgique où l’on peut trouver les Collections Exclusives de Chanel, Guerlain
(y compris la collection réservée aux Emirats Arabes) et Cartier, ainsi que des pièces de collection.
Il est 10.30, et je suis accueillie par un jeune homme charmant. C’est l’occasion de pratiquer mon néerlandais, même si je sais que le staff de la Place Vendôme est parfaitement bilingue. En attendant David, je déambule dans cette caverne d’Ali Baba scintillante et profite des quelques touches parfumées que me tend le conseiller-parfumeur. Ayant vu quelques vidéos de présentation de cette parfumerie d’exception, je sais déjà que David Depuydt est un être à part. Extrêmement élégant, il se maquille sans complexe : fond de teint, crayon pour les yeux, mascara. Et c’est qu’il se maquille bien le bougre, à rendre jalouse n’importe quelle gonzesse – surtout moi qui, quand j’essaye, ressemble toujours à une ado de 14 ans qui a essayé le rouge à lèvre de sa mère pour la première fois. David rayonne. Son aura se reflète dans les miroirs de sa parfumerie, dans le cristal des lustres, dans les flacons luxueux de jus mythiques.
Après une poignée de
main chaleureuse et un doux sourire, il me reçoit dans la partie dédiée aux
soins esthétiques. Peu lui importe que je sois une petite bloggeuse sans
envergure et totalement inconnue, il me donne de son temps avec un plaisir non
dissimulé.
Un peu impressionnée
quand même, je pose mon gsm-dictaphone sur la table et lui demande de me parler
de lui. Il commence, et je me laisse emportée par sa voix douce qui roule si
joliment les R.
David et la cosmétique,
c’est une passion de toujours. A 6 ans, il épate déjà une clientèle adulte en
vendant des produits de la marque Avon avec enthousiasme, mais pas que :
il connaît les produits qu’il vend. Et il les connait bien. A 10 ans, on lui
confie les maquillages de mariage. Moi, à 10 ans, on me confiait rien du tout.
Mais c’est aussi sa grand-mère qui le mettra sur la destinée parfum :
portant Shalimar l’immortel, c’est cette proximité avec ce parfum légendaire
qui définira sa préférence pour les parfums orientaux et pour la Maison
Guerlain en particulier.
S’en suivent des études
de langues et de sciences économiques, puis d’analyse du comportement avec
comme objectif de pouvoir encore mieux cibler les besoins et envies de sa
clientèle. Côtoyant des nez prestigieux de grandes maisons qui viennent encore
approfondir ses connaissances, David est en mesure d’offrir à présent un
service d’exception : une véritable consultation-parfum afin de trouver LE
parfum qui correspondra à sa clientèle. Se basant sur une dizaine de questions
simples (ex. : ce que l’on aime manger, ce que l’on aime boire, les tissus
que l’on préfère, les couleurs) et sur l’observation de la personne
(habillement, manière de parler, etc), il peut définir quelle famille olfactive,
quelle intensité ou encore quel degré de complexité et de contraste conviendra
le mieux. Il fera de même une distinction entre ses clients plutôt auditifs,
visuels ou kinesthésiques.
David m’explique que la partie du cerveau qui analyse les parfums n’est développée en totalité qu’à l’âge de 28 ans. Avant, il y a rejet de toute complexité, ce qui explique le succès des parfums sucrés-fruités que l’on trouve en abondance dans les rayons des parfumeries générales. Mais il ne suffit pas d’avoir passé 28 ans pour pouvoir déguster un parfum chypré complexe. Le nez, cela s’éduque, comme je suis en train de l’apprendre : une fragrance qui, dans un premier temps, semble trop forte, prenante, vieille, peut petit à petit devenir plus douce, plus enveloppante, et réellement fascinante. David ayant, depuis son plus jeune âge, été en contact avec des parfums complexes comme Shalimar, son savoir olfactif a pu se développer plus rapidement.
David m’explique que la partie du cerveau qui analyse les parfums n’est développée en totalité qu’à l’âge de 28 ans. Avant, il y a rejet de toute complexité, ce qui explique le succès des parfums sucrés-fruités que l’on trouve en abondance dans les rayons des parfumeries générales. Mais il ne suffit pas d’avoir passé 28 ans pour pouvoir déguster un parfum chypré complexe. Le nez, cela s’éduque, comme je suis en train de l’apprendre : une fragrance qui, dans un premier temps, semble trop forte, prenante, vieille, peut petit à petit devenir plus douce, plus enveloppante, et réellement fascinante. David ayant, depuis son plus jeune âge, été en contact avec des parfums complexes comme Shalimar, son savoir olfactif a pu se développer plus rapidement.
Il regrette que
l’industrie du parfum ne tient parfois pas compte de cet aspect et que les
tests fait au sein de « groupes cobayes » soumettent alors un jus un
peu plus difficile d’accès à des jeunes qui vont le refuser faute d’éducation
olfactive. Il déplore donc la naissance de fragrances mortes-nées, ou encore le
manque de connaissances des vendeurs en parfumerie générale qui ne font
qu’orienter les gens vers des clones de leurs parfums actuels au lieu de sortir
des sentiers battus et d’oser proposer autre chose, tel un parfum ancien ou un
jus sortant de l’ordinaire. Autant d’occasions manquées le rendent presque
triste.
Tout cela, me dit-il,
n’a fait que renforcer son envie de proposer l’alternative à une clientèle
exigeante, même si par là-même, il s’engageait sur un chemin plus difficile
point de vue commercial (tout comme la localisation de sa parfumerie qui est
loin de tout).
David aime les parfums,
mais il aime aussi passionnément les gens. Le contact, les échanges, les
sentiments, il ne pourrait faire sans. « Le parfum c’est de l’émotion liquide. Le luxe, c’est ce qui touche et
nourri votre âme. Si un produit n’a pas cet effet, ce n’est pas du luxe »
me dit-il. « Il y a du sent-bon
comme disait Gabrielle Chanel, et il y a le parfum - poursuit-il – les gens qui viennent ici ne viennent pas
acheter des logos mais des émotions ». Ses yeux brillent et
s’agrandissent. Il parle avec son cœur.
Outre une clientèle qui
doit sûrement lui être d’une fidélité absolue, David reçoit aussi des nez
prestigieux dans sa parfumerie : Thierry Wasser de Guerlain ou Isabelle
Doyen d’Annick Goutal lui rendent visite et en profitent pour se faire
chouchouter à leur tour. David est aussi au cœur de la naissance de projets
prestigieux : les Shalimar Ode à la Vanille sont nés chez lui. Il n’en est pas
moins modeste et ouvert d’esprit et considère certains parfums dit
« mainstream » comme de petits chefs d’œuvre, prouvant que l’on peut
mettre Guerlain sur un piédestal mais garder le nez frétillant pour les
sorties en parfumerie générale.
Au final, je suis
restée deux heures en sa compagnie. Deux heures de pur bonheur et
d’apprentissage en continu, David connaissant 1.000 histoires et anecdotes
historiques sur les parfums. J’y ai découvert Chanel N°5 en extrait qui s’est
révélé être une merveille absolue, très loin de cette explosion d’aldéhydes avec
lesquels j’ai le plus grand mal dans la version eau de parfum.
J’ai aussi été
passablement étonnée de voir à quel point certaines de ses idées sont tout
bonnement géniales, comme utiliser un éventail en tant que testeur afin que
l’alcool s’évapore plus rapidement, ou encore prendre un verre à cognac afin de
rendre le geste plus viril pour sa clientèle masculine.
J’ai aussi demandé
à avoir une consultation parfum et après
quelques questions, David est revenu avec deux éventails : l’un portant un
parfum lumineux, pur, frais, vivifiant ; l’autre, une fragrance plus
boisée, plus sombre, plus complexe. Il s’agissait de Bel Respiro de la
collection les Exclusifs de Chanel et de Bois d’Arménie de la collection l’Art
et la Matière de Guerlain. Si Bois d’Arménie m’a plu, c’est Bel Respiro qui m’a
attrapée pour ne plus me lâcher.
Lorsque j’ai demandé à
David quel était son parfum, il m’a sorti d’un tiroir une bouteille toute
simple avec une étiquette collée et écrite à la main. Dedans, une fragrance à
tomber par terre. Un complexe mélange de fleurs discrètes et fragiles, une
touche de sucré qui reste à peine sur l’arrière de la langue, un jus d’une
élégance et d’une délicatesse sans pareille. Le tout créé spécialement pour lui
par les nez de Guerlain. Moi je dis : la vache, ça c’est la classe !
Je suis repartie de la
Place Vendôme la tête pleine d’images brillantes et les bras chargés de
cadeaux, David n’hésitant pas à me couvrir d’échantillons et même de parfums
d’ambiance Guerlain full size. Avec un
petit sourire en coin et un coup d’œil malicieux, il me glissa aussi dans mon
sac deux échantillons de parfums (un pour enfant, l’autre un extrait de Coco
Mademoiselle, le luxe quoi) pour Lucy, en me chuchotant « pour votre petite fille ». Là, j’ai
craqué et failli le serrer dans mes bras en hululant et en sautillant.
Je n’ai qu’une
envie : y retourner vite vite vite ! Tant de merveilles m’attendent
là-bas !
Menenstraat
2
8560
Wevelgem
Tel :
056 41 24 68
Lundi
- 13.00 à 18.30
Mardi
à Samedi - 9.30 à 18.30
Consultation
parfum : 150€, parfum inclus s’il vous plait !
PS :
pour rendre David encore plus adorable qu’il ne l’est déjà, revenant de
vacances en Espagne, il a adopté là-bas deux petits chiens abandonnés à leur
triste sort qui viendront rejoindre son cavalier King Charles. J’espère
que la prochaine fois que je lui rendrai visite, ils seront là !
3 commentaires:
Belle rencontre ! Tu as dû passer un moment bien agréable. Ca me donnerait bien envie d'aller faire un petit tour à Wevelgem (mais d'abord, il faut que j'aille voir ton ami masseur !).
Bonjour ! et Bravo madame pour cet excellent reportage sue la vie et la passion professionnelle de mon ami DAVID!
Magnifique exemple et témoignage à partager avec tous les "vrais" professionnels de la "Belle et noble Parfumerie"
Yvette MORETTI
Experte PARFUM
professeur à l'ESGCI à PARIS
Bonjour, bienvenue, et un grand merci pour vos compliments :)
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