Critique cinématographique - Demain dès l'aube

Demain dès l'aube

Sun Stars: * * * * *

(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)

Année : 2009

Réalisé par Denis Dercourt
Avec Vincent Perez, Jérémie Renier, Aurélien Recoing, Anne Marivin, Gérald Laroche, Françoise Lebrun

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très "films français". Non pas que je dénigre ces films, juste que les sujets du cinéma français ne me parlent pas vraiment, étant souvent des drames familiaux, sentimentaux ou encore se voulant intellectuels au point d'en devenir parfois barbants si pas purement et simplement de la "branlette de cerveau" (excusez le langage). J'ai donc vu peu de films français, mais cependant, ceux pour lesquels je m'étais déplacée dans les salles obscures étaient tous excellents!

Dans ceux que j'ai beaucoup aimé figure "Indochine" qui date de 1992, avec Catherine Deneuve et Vincent Perez, acteur qui m'a tout de suite plu (il est tout sauf moche aussi). C'est donc avec un certain plaisir que je le retrouve dans des films récents. Et c'est son nom qui a attiré mon oeil alors que je parcourais les critiques de presse des sorties cinématographiques de la semaine passée (le film est sorti avec un certain retard par rapport à la France). "Demain dès l'aube" semblait avoir charmé les journalistes, ne récoltant que de très bonnes notes. Je ne tiens pourtant pas souvent compte des critiques de la presse écrite; les goûts et les couleurs des uns n'étant pas forcément les miens, il m'arrive souvent de détester un film encensé par les journaux, et vice versa. Mais "Demain dès l'aube" m'intéressait pour deux choses : d'abord parce que Perez y jouait, ensuite parce que le sujet nous plongeait au coeur des jeux de rôles historiques, milieu qui n'est pas sans rappeler les jeux de rôle médiévaux ou fantastiques. Ma curiosité était piquée à vif...

Le joli Vincent Perez...

De prime abord, le sujet est plutôt simple : Paul Guibert (Perez), musicien émérite et plutôt connu dans le milieu, quitte sa femme et son fils pour s'installer temporairement chez sa mère souffrant d'un cancer. Devant entrer à l'hôpital, cette dernière demande à Paul de veiller sur son petit frère, Mathieu (Renier), très sensible et fana de jeux de rôles historiques. Hors il ne s'agit pas ici de simple reconstitution de bataille comme on peut en voir à Waterloo en été, mais bel et bien d'immersion complète et totale dans la peau de soldats, hauts gradés, médecins de l'époque napoléonienne.

On découvre alors que Mathieu, clarkiste dans un entrepôt, jeune et plutôt timide, devient une tout autre personne une fois son costume de hussard endossé : un jeune soldat plein de fougue, de courage et de verve prend alors le dessus. Une véritable fuite du réel, rendu encore plus difficile à supporter par la condition de sa mère malade.

Quant à Paul, que l'on pense réaliste et responsable, et à qui on s'identifie plutôt rapidement, il cédera à la demande de son petit frère de se rendre à un de ces jeux, sans savoir que cela fera basculer leurs vies.

Le film commence donc comme un drame plutôt classique, les deux personnages principaux ayant chacun quelque chose à fuir dans la réalité. Cependant, ce qui commence comme une histoire plutôt banale vire très vite en un thriller extrêmement efficace, dont la tension ne fera que s'accroître. Entre jeux de rôles et vie "normale" de tous les jours, la frontière se fait de plus en plus floue, au point de flirter dangereusement avec la folie et le fanatisme pur.

Les acteurs sont tous irréprochables. Perez est resté comme dans mes souvenirs, jouant à la perfection l'homme "adulte" enfermé dans un carcan dont il ne sait plus que faire et finissant par fuir ses responsabilités. Renier quant à lui a fort bien évolué depuis "Le Pacte des Loups" : ce petit belge qui monte mérite d'être plus souvent à l'écran. Les émotions de son personnage, il les a fait siennes, littéralement.

Je ne peux passer sous silence les performances exceptionnelles de Aurélien Recoing et Gérald Laroche, tous deux extrêmement inquiétants dans leurs rôles respectifs (le Capitaine Déprées et le chirurgien-major Rogart).

Mathieu (Renier) dans la peau de son personnage au service de l'Empereur.

La photo du film, les mises en scène, la lumière, les costumes splendides sont aussi parties intégrantes de l'histoire. Une image qui m'a frappée de par son importance: les deux frères pénétrant dans la forêt pour le premier bivouac de Paul. Une épaisse couche de brume leur fait face, comme une frontière invisible entre le réel et l'imaginaire...

Un très beau film qui mérite amplement d'être vu!

En prime avec cette critique, la bande-annonce de "Demain dès l'aube"