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dimanche 8 mars 2009

Critique cinématographique - Australia

Sun Stars: * * *
(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)
Année : 2008
Réalisé par Baz Luhrmann
Avec Nicole Kidman, Hugh Jackman, Brandon Walters, David Gulpilil, David Wenham, Bryan Brown, Jack Thompson



Quand un film fait près de 3 heures, et ce même si c’est un Baz Luhrmann, on réfléchit un peu avant de se rendre au cinéma, surtout quand les feedback des critiques ne sont pas tous positifs. Mais, comme toujours, il ne faut pas oublier que parfois, les critiques, ben, c’est pas votre avis quoi ! Malgré cela, c’est ce qui m’a freinée pour Australia : la peur de m’emmerder sec pendant 2h40 dans une salle de l’UGC. Et pourtant…

L’histoire se situe donc en 1939. Lady Sarah Ashley, une aristocrate anglaise, se rend en Australie afin de convaincre son mari d’abandonner Faraway Downs, une propriété qu’ils possèdent sur place, et de le ramener au pays, le soupçonnant qui plus est d’adultère. Arrivée sur place, elle devra faire face à de multiples situations qu’elle n’avait pas imaginées, et finira, contre toute attente, par rester et par aimer le pays, les gens, et surtout le rustre local, Drover.

L'arrivée de Lady Sarah à Darwin - un régal grâce à la prestation de Kidman

Australia, c’est une grande fresque romanesque et romantique, un peu comme « Autant en Emporte le Vent » ou « Les Oiseaux se Cachent pour Mourir ». Une vraie saga, quasi l’histoire d’une vie. M’attendant à un navet sirupeux, et ne supportant que difficilement la tronche de Kidman sur grand écran, c’est donc avec un certain à priori, si pas un à priori certain, que je me lançais dans la vision du dernier Luhrmann. Et bien tout ce que je peux vous dire c’est que j’ai passé un bon moment !

Bon, mettons de suite les pendules à l’heure, Australia, c’est hyper classique, c’est kitch, c’est exagéré, c’est « romantisé » à fond, les personnages sont de vrais clichés ambulants et en plus y a un happy ending. Tous les poncifs sont réunis, on est bien d’accord là-dessus. Et pourtant, tout ceci fait en sorte que le film ait une identité propre, une patine, une personnalité même. Nous sommes assez loin du traitement peu conventionnel que Baz infligea à Romeo + Juliet : ici, il joue la carte classicisme à fond.

De beaux décors, de splendides paysages, une très jolie lumière, des personnages frôlant la caricatures - tout est fait pour donner au film un cachet classique un peu kitch

Point de vue casting, nous avons droit bien sûr à du full australien. Jackman est parfait en cowboy rude et rustre tout en muscles (quel corps, mais quel corps! Il a des boules de musc’ à des endroits que je savais même pas qu’il y avait des musc’ !) et Brandon Walters rayonne dans le rôle de Nullah, l’enfant métis. David Wenham est plus que crédible en homme de main sadique et sans morale, ce qui doit le changer après avoir joué les gentils un peu idiots du Seigneur des Anneaux ou de Van Helsing. Quant à Kidman, et bien non seulement j’ai trouvé qu’elle jouait bien, mais qu’elle était surtout hyper crédible en aristo coincée – un rôle taillé sur mesure peut-être ? :p Elle rend en tout cas le début du film succulent à souhait. Ne passons pas sous silence la prestance et les allures de poseur de David Gulpilil dans le rôle du frimeur King George, le sorcier aborigène top classe. Un très bon casting donc, avec des seconds rôles tout aussi excellents, notamment Jack Thompson dans le rôle du comptable alcoolique ou encore Wah Yuen en cuistot chinois portant le nom de Sing Song.

Brandon Walters interprète avec brio Nullah, l'enfant métis

David Gulpilil en King George, sorcier aborigène, grand-père hyper classe de Nullah. Le guide spirituel du film en quelque sorte

Baz Lurhmann opta donc pour le kitch et l’aspect quasi full studio pour certaines scènes. Un peu à la « Excalibur » : on voit bien que le soleil couchant c’est une peinture un peu pourrie, mais nom de Zeus, qu’est-ce que ça apporte comme charme un peu désuet à la scène. Les couleurs, prises de vue et décors sont donc parfois clairement retouchés par ordinateur, mais on s’en fout, parce que c’est un film kitch et que ça lui va bien après tout.

Noël à Farraway Downs

Le film peut se diviser en deux parties. La première narre l’arrivée de Sarah en Australie, qui se fera âprement, devant affronter le décès de son mari d’entrée de jeu. Elle devra ensuite assumer des responsabilités dont elle n’a jamais voulu ainsi que cette nouvelle vie qu’elle n’a pas demandée, mais qu’elle décidera cependant d’embrasser. Se prenant d’affection pour Nullah, le petit garçon métis (aborigène-blanc), elle finira par le considérer comme son propre fils, et se transformera d’aristo coincée en véritable gérante d’exploitation de bétail, aidée en cela par Drover, le cowboy qui lui volera son cœur. Durant ce premier volet, nous suivons aussi et surtout la bataille engagée entre le camp Faraway Downs et le camp de King Carney, producteur de bétail ayant la main mise sur la région et ne tolérant pas la concurrence de Sarah.

Lady Sarah devenue Sarah, la cowgirl sans peur

L’aventure et la romance ont la part belle durant cette première heure de film. Nous suivons Sarah en route avec près de 1.500 têtes de bétail afin de les livrer à la ville, et devant déjouer les vils plans de Fletcher, l’homme de main de King Carney. Petit à petit, l’histoire d’amour entre elle et Drover se fera une place, clôturant même ce premier volet du film.

Si ça c'est pas cliché... Et pourtant on y croit!

La seconde partie se situe elle durant la guerre du Pacifique : la menace d’attaques par l’armée japonaise plane sur l’Australie. Sarah devra de plus faire face à l’enlèvement de Nullah par les missionnaires, suivant la politique de l’époque comme quoi les enfants métissés ne pouvaient être confiés à leur mère aborigène, considérée comme de vraie sauvage, et donc tous emmenés dans des missions éloignées pour y recevoir l’enseignement des blancs.

Sarah durant le bombardement de Darwin

Nous abordons alors le côté drame du film. En avant plan, l’histoire (véridique) de ces enfants métis envoyés loin de chez eux, de leur famille, de leur culture, le tout sous un prétexte colonialiste qui détruira leur vie. Sarah combattra alors l’administration afin de récupérer Nullah. Séparée de Drover, ils iront chacun leur chemin avant de se retrouver après la destruction de Darwin par un raid aérien japonais.


Australia est donc un bon film, divertissant, classique et n’ayant d’autre prétention de nous faire voyager loin au pays des rêves. J’aurais cependant vu cette belle histoire plus sous forme de saga télévisée, genre « Nord et Sud », afin d’en apprendre plus sur Farraway Downs, sur la vie de tous les jours de ses occupants. Cela nous aurait permis de nous plonger plus au cœur des choses tant les personnages finissent par être très attachants, mais aussi sur l'histoire même de l'Australie et les dérives de ses lois comme cette décision d'arracher les enfants métis à leur foyer. Baz Luhrmann n’a sûrement pas pu tout mettre dans son film, de 2h40 quand même, et cela se ressent un brin. Non pas que l’on ait l’impression d’avoir rater quelque chose, mais juste que nous surfons trop en surface, alors que l’envie d’en savoir plus nous titille fortement.

Certes ce n’est pas un « grand » Luhrmann, mais un film qui se fera une petite place dans les DVD-theques auprès des grands classiques du même genre.


En prime avec la critique, la bande-annonce d'Australia

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