Sun Stars: *** et 1/2*
(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)
Année: 2011
Réalisé par Tate Taylor
Avec Viola Davis, Octavia Spencer, Emma Stone, Bryce Dallas Howard, Jessica Chastain, Sissy Spacek
Année: 2011
Réalisé par Tate Taylor
Avec Viola Davis, Octavia Spencer, Emma Stone, Bryce Dallas Howard, Jessica Chastain, Sissy Spacek
C'était samedi dernier. Il faisait pétant d'chaud, je venais de finir le ménage et j'avais décidé que cette journée serait dédiée au cinéma (comprendre: au projo). Le soleil commençait à s'insinuer dans mon salon comme le sale sournois tout jaune qu'il est (et là si j'étais pas asiat' on me traiterait de raciste), et, avec un sourire carnassier, je lui fermais les rideaux doublés anti-chaleur à la gueule.
Installée bien au (quasi) frais dans mon salon avec une bouillote chaude et poilue nommée Lucy contre les jambes, je démarrais le film et me sentais bien. J'avais envie d'un bon film, drôle mais aussi touchant. The Help me paru un bon choix, non pas que je prête grande attention aux récompenses cinématographiques mais la bande-annonce m'avait donnée envie de le voir.
The Help - La Couleur des Sentiments en français - est l'adaptation du livre du même nom de Kathryn Stockett. Le synopsis est assez simple: nous sommes dans les années '60, en plein coeur du Mississippi. Dans la ville de Jackson, il est normal d'avoir sa bonne attitrée. Une bonne-à-tout-faire qui sera bien sûr afro-américaine et qu'il sera de bon ton de sous-payer, d'envoyer dehors faire ses besoins car utiliser les mêmes toilettes qu'elle risque de vous rendre malade, et de traiter comme une moins que rien. Ca ne choque personne. Ou presque.
Bryce Dallas Howard, magnifique dans son rôle de biatch, Octavia Spencer en cuisinière hors pair au caractère bien trempé et... Sissy Spacek (mais si, Carrie!!!) au milieu!
Skeeter est une jeune femme qui a de l'ambition. Elle ne veut pas, à contrario de ses amies embourgeoisées, rester à la maison à pondre des gamins alors qu'elle sort elle-même à peine de l'enfance. Elle veut devenir journaliste, ou écrivain. Ou les deux. Elle possède un grand sens moral et n'a pas sa langue en poche, ce qui à l'époque est plutôt un fléau pour une jeune fille bien. Elle se trouve de plus moche avec ses cheveux sauvages alors qu'il faudrait avoir dompté sa tignasse en des chignons compliqués ou des permanentes laquées à la limite de la plastification afin de pouvoir mettre la main sur un bon parti.
Dans les années'60, c'était un look affreux. De nos jours, les lunettes cat eye sont trop tendance
Fraîchement sortie de l'université et ayant décroché un petit job dans le journal local, Skeeter rejoint ses amies qu'elle n'a plus vue depuis plusieures années. C'est là qu'elle se heurte à cette vision de jeunes femmes aisées d'une superficialité exacerbée, la palme toute catégorie confondue revenant à Hilly Holbrook, responsable d'une collecte de fonds pour les pauvres enfants d'Afrique, mais traitant sa bonne comme une moins que rien.
Une bombe à pouf a explosée dans le salon de Mémé.
Lentement mais sûrement, Skeeter va oser braver les interdits de l'époque, et surtout de l'Etat du Mississippi pour mettre sur pied un projet interdit: écrire un livre sur la vie de ces petites mains noires travaillant à l'ombre de ces riches blancs. Des amitiés naîtront, amitiés qui ne peuvent pas être en 1960, des rencontres se feront, et des scandales éclateront.
Si après ce film, vous n'avez pas envie de poulet frit, de cornbread, ou de bonne bouffe americaine bien roborative, c'est que vous n'êtes pas humain
The Help est un très beau film. Certes c'est un drame un peu tire-larmes avec des scènes un peu faciles (d'où mes 3 *** et demie), mais le tout est tellement bien emballé et présenté que l'on a envie de se laisser emporter par ces bons sentiments un peu gimauvesques.
La reconstitution des années '60 est évidemment magnifique, et on ne peut s'empêcher de penser à Mad Men et au personnage de Betty Drapper tant le stéréotype de la femme à la maison qui devra toujours être belle et tirée à quatre épingles est le même ici. C'est Skeeter qui fait figure d'ovni à ne vouloir qu'une chose: faire carrière au lieu de faire des bébés.
Les actrices sont bien évidemment plus qu'à la hauteur. On retrouve dans le rôle de Skeeter la très belle Emma Stone qui réussit à mêler douceur, éffronterie, révolte et ambition avec brio. Mais son personnage n'est qu'un faire-valoir pour trois autres actrices incroyables: Viola Davis, qui interprète Aibileen Clark, celle qui sera la première à accepter de parler à Skeeter; Octavia Spencer, absolument craquante et époustouflante en Minny Jackson, la meilleure cuisinière de Jackson, femme forte et de caractère qui doit lutter pour ne pas dire tout haut ce qu'elle pense tout bas; et Bryce Dallas Howard, effrayante de naturel dans son rôle de Hilly Holbrook. On ne peut pas ne pas parler de Jessica Chastain qui apporte un peu de fraîcheur au film avec son personnage mélancolique qui cache sa tristesse sous des sourires charmeurs et un comportement frivole.
Un regard suffit parfois à exprimer beaucoup de chose.
The Help est un film qui vous fera sourire, rire, pleurer, et qui vous laissera avec une drôle de sensation à la fin: certes, une révolution a été mise en marche par Skeeter, mais The Help nous laisse désemparées devant le futur encore bien noir de Aibileen et de Minny qui ne verront pas de changement décisifs avant de longues années.
En bonus sur le Blue-Ray, une rencontre entre des femmes ayant vécu ce que Minny et Aibileen ont vécu, et Octavia Spencer et Tate Taylor. Une interview qui nous rappelle que cette époque n'est vraiment pas si lointaine que ça.